Indépendant depuis des siècles, l’Évêché de Bâle a vu son sort basculer au moment de la Révolution française. Proclamé République Rauracienne en 1792, le nord de l’Évêché sera réuni à la France en 1793 sous le nom de département du Mont-Terrible, puis rattaché, avec le sud, au département du Haut-Rhin de 1800 à 1814. Enfin il sera remis à la Suisse et annexé au canton de Berne par les diplomates du Congrès de Vienne qui, le 20 mars 1815, signent une déclaration qui dit, à l’article 3:
» La Confédération helvétique ayant témoigné le désir que l’Évêché de Bâle lui fût réuni, et les puissances intervenantes voulant régler définitivement le sort de ce pays, ledit évêché et la ville et le territoire de Bienne feront à l’avenir partie du canton de Berne. »
Le 27 mai 1815, la Diète helvétique a accepté cette décision.
1826
Xavier Stockmar, Olivier Seuret, Louis et Auguste Quiquerez jurent, dans les ruines du château de Morimont, de délivrer le Jura de l’oligarchie bernoise.
1830
Les Jurassiens s’organisent pour résister à l’érosion progressive de leur autonomie. L’agitation populaire se répand. Un bataillon est envoyé de Berne en Ajoie.
1831
Le Conseil secret de Berne met à prix la tête de Xavier Stockmar qui, en janvier 1831, avec Auguste Quiquerez, a levé une troupe de patriotes, occupé Delémont au chant de la Rauracienne, et bousculé le bailli de Moutier et ses hommes.
1833
Un projet de séparer le Jura de l’Ancien canton circule dans nos vallées. Berne somme ses préfets de dénoncer immédiatement ceux qui sont à l’origine de cette proposition.
1836
Berne envoie douze bataillons d’infanterie dans le Jura et fait arrêter notables et préfets.
1838
Quarante-sept députés jurassiens demandent le maintien de la législation française dans le Jura.
1839
Stockmar est révoqué du Conseil d’État. Les députés, réunis à Glovelier, demandent l’autonomie.
1850
Occupation militaire de Saint-Imier et du Vallon.
1853
La classification des biens communaux soulève une vive opposition, surtout dans le Jura protestant.
1863
Berne impose au Jura une réforme fiscale. Toute la députation jurassienne s’abstient de paraître aux séances du Grand Conseil. Le conflit suscite une vague de séparatisme.
1865
Le cinquantième anniversaire de l’annexion à Berne n’est pas célébré. Seul un poème rappelle cet événement.
1873-1875
Le Kulturkampf sévit dans le Jura. Trente-sept prêtres et deux cent vingt-six laïcs sont incarcérés. Plusieurs personnes se réfugient en France. Berne règne par la force. La question du régime est posée.
1893
Le Jura refuse la Constitution bernoise par 9984 voix contre 2189. Berne accapare les archives historiques du Jura. C’est une nouvelle humiliation.
1904-1913
Germanisation du Jura: La Scheulte et Elay deviennent Schelten et Seehof.
1915
Dès 1911, sur décision du Conseil-exécutif, un comité comprenant des personnalités jurassiennes s’occupe d’organiser le centième anniversaire du rattachement à Berne. C’est toutefois sans enthousiasme que le Jura s’attelle à cette tâche. Les réactions défavorables de la presse et de l’opinion publique jurassiennes font échouer le projet. Aucune manifestation ne marquera cet anniversaire.
1916-1917
Léon Froidevaux est emprisonné. Un comité séparatiste est créé.
1919
Xavier Jobin rappelle, au Conseil national, l’injuste annexion du Jura au canton de Berne.
1945
Germanisation de la langue administrative à Mont-Tramelan.
Ce pays, le Jura, riche d’un passé plus que millénaire, subit dès 1815, le joug bernois. La domination est totale :plus aucun pouvoir de décision et lente asphyxie culturelle .
En 1947, le peuple jurassien se soulève. Un mouvement de lutte, appelé Rassemblement jurassien (RJ), naît. L’objectif est d’affranchir le Jura de la tutelle bernoise en créant un Etat indépendant ou un Canton suisse. En 1962, alors qu’un Front de libération du Jura (FLJ) ébranle la Suisse, la jeunesse jurassienne militante s’organise elle aussi.
En 1962 naît un mouvement séparatiste, le Groupe Bélier, et la lutte s’organise.
Le Groupe Bélier est créé. Les actions du mouvement sont percutantes, dérangeantes et depuis plus de trente ans ne cessent pas d’égratiner l’Ours bernois, les milieux bien pensant helvétiques, la police et l’armée.
Le 23 juin 1974, c’est la victoire. Le Peuple jurassien des sept districts de l’Ancien Évêché de Bâle dit OUI à la création d’un canton. Hélas le 16 mars 1975, l’Ours de Berne, en faussant la procédure plébiscitaire et en manipulant les scrutins (caisses noires), déchire notre Pays sans ménagement.
A l’heure actuelle, la République et Canton du Jura n’est formée que des trois districts du nord du Jura. Elle doit tout mettre en oeuvre pour rétablir l’unité du Pays. Le district de Laufon a rejoint Bâle-Campagne. Quant aux trois districts méridionaux (Moutier, Courtelary et La Neuveville), archi-minoritaires dans un canton germanophone, vidés de leur substance vive et germanisés, ils dépérissent au fil des ans.
Ils sont intégrés de force dans la région Bienne-Seeland et n’ont rien à dire.
Malgré la répression policière et les entraves répétées aux libertés de réunion et d’expression, le mouvement autonomiste ne désarme pas. En 1993, une commission fédérale légitime son combat (Rapport Widmer). Le 25 mars 1994, un accord signé entre le canton de Berne et l’état jurassien, institue une Assemblée interjurassienne et envoie le rapport Widmer aux oubliettes. Le conflit jurassien est loin d’être réglé. Berne qui peut compter sur la fidélité de ses partisans n’est pas prête de lâcher le morceau. Avec la jeunesse jurassienne la lutte continue !
(« Les années de braise », Marcel Brêchet)
(« Demain nous appartient », Groupe Bélier)